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Réseau FAR

20
Oct
2022

Côte d’Ivoire / Construire la demande en formation des producteurs et productrices de banane plantain

[Retours d’expériences pratiques de formation des producteurs et productrices] Élaborer une offre de formation adaptée, qui réponde aux attentes des producteurs et productrices, exige de construire cette demande en formation et d’analyser ces besoins. C’est l’approche adoptée par le projet FABA (Formation Agricole pour la Banane Plantain en Afrique), un projet pilote qui vise à accompagner le développement d’une filière “bananes plantain” performante et durable. Mehin SILUE revient sur ce processus de construction de la demande, mené pendant près d’un an auprès des producteurs de banane plantain en Côte d’Ivoire, dans les zones d’Abidjan et alentours, Aboisso, Soubré, Tiassalé-Yamoussoukro. Il nous offre conseils et postures à adopter pour mener une telle démarche.
Cette expérience est l'une des 23 pratiques innovantes de formation de producteurs et productrices en Afrique qui ont nourri le séminaire international Investir dans la formation des producteurs & productrices : c’est construire l’avenir !, Sénégal, 2021. Toutes les expériences

Quels sont les constats à l’origine de cette initiative ?

Dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, la banane plantain occupe une place de choix dans l’alimentation des populations, particulièrement au Cameroun et en Côte d’Ivoire.

Cependant, il convient de constater que le système de culture de la banane plantain est dominé par la culture pluviale, en association avec les cultures pérennes (notamment le cacao) et les cultures vivrières.

La banane plantain en Côte d’Ivoire ne bénéficie pas d’encadrement spécifique, entraînant un manque de formation et d’information pour les producteurs et productrices en matière de techniques de production sans pesticides, de connaissances et de luttes contre les ravageurs du bananier plantain. Le matériel végétal de qualité, sain et diversifié en termes de variétés n’est pas disponible. La banane plantain n’est pas disponible sur toute l’année.

Quels sont les objectifs de ce projet ?

Développer des formations pour une production de banane plantain durable en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale à l’attention des producteurs, conseillers et enseignants afin d’augmenter significativement la production en réponse aux enjeux de sécurité alimentaires, de nutrition et d’emploi dans une approche innovante et inclusive, respectueuse des ressources et du climat.

Quels sont les acteurs principaux et leurs rôles ?

Il s’agit d’une initiative de recherche-développement, initiée par le CIRAD, dans une dynamique de dispositifs mutualisés (CIRAD, Institut Agro Montpellier SupAgro et le Réseau FAR).

  • Le CIRAD coordonne l’ensemble des activités du projet, avec une équipe de chercheurs spécialistes de la banane plantain en France et en Côte d’Ivoire.
  • L’Institut Agro Montpellier et le Réseau FAR, partenaires du projet, accompagnent le processus de conception des ressources respectivement dans le domaine de l’ingénierie de la formation et l’appui à l’organisation des études, la mise en contribution de ses ressources humaines à travers ses dispositifs nationaux FAR dans les pays ciblés.
  • Le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (MAA) de France, le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (MEAE) de France et l’Agence Française de Développement (AFD) sont des partenaires techniques institutionnelles qui accompagnent le projet.
  • Le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (MEAE) finance le projet à travers le Fonds de Solidarité pour les Projets Innovants (FSPI).
  • Les organisations de producteurs des filières ‘’bananes plantains’’, les structures locales de conseil agricole, de recherche sur la banane plantain, accompagnent le processus d’identification des besoins en formations.

Quelles sont les principales activités menées ?

Les principales actions menées pour construire la demande en formation continue ont été :

  1. le processus de construction de la demande qui a consisté à définir la méthodologie d’échantillonnage, élaborer les documents de collecte d’informations, faire les entretiens et visite de terrain avec les producteurs et productrices, rencontrer des personnes ressources, identifier les problèmes rencontrés par les producteurs et productrices et analyser les problèmes pouvant être traités par la formation en vue d’identifier les compétences à renforcer ;
  2. le retour sur le processus d’analyse des besoins en formation continue qui consiste à l’analyse selon l’angle de vue de la recherche et l’analyse selon les principes de l’ingénierie de formation.
  3. l’analyse de l’offre de formation selon le principe de la recherche, et de l’offre de formation selon les principes de l’ingénierie pédagogique.
  4. l’analyse au regard des thématiques de l’atelier, particulièrement la demande et les besoins en formation continue des producteurs et productrices.

Quelle analyse faites-vous de ce processus de construction de la demande ? Quelles ont été les réussites et les limites d’une telle expérience ?

Dans la détermination des besoins en formation, chaque catégorie d’acteur analyse les besoins en formation sur un angle de vue précis. Et le plus souvent, chacun pense qu’il a le meilleur angle de vue et que les besoins qu’il a déterminés sont les meilleurs. C’est le cas des chercheurs, de la sphère des acteurs politiques et des bénéficiaires de formations. Il nous appartient, en tant que spécialiste de l’ingénierie de formation, de leur faire savoir que c’est le regard croisé à partir des différents angles de vue qui permet de déterminer les besoins en formation.

L’ingénierie de formation n’est pas une recette, c’est un processus organisationnel qui permet de commencer par l’éclairage d’un ‘’projecteur’’ puis de prendre en compte l’éclairage des autres ‘’projecteurs’’.

Dans les écoles d’ingénierie de formation, on a souvent l’habitude d’enseigner que la première entrée pour l’analyse des besoins en formation était celle de la demande sociale des producteurs ou bénéficiaires de formation. Cette expérience du FABA montre que cette manière de faire n’est pas forcement la bonne et qu’on peut démarrer partout (politique, recherche ou producteur) à condition de tenir compte des autres dans le processus.

Dans l’ingénierie pédagogique, l’introduction d’une nouvelle technologie dans le système de formation ou de renforcement des capacités des producteurs devra intégrer les dispositifs de formation existants pour sa durabilité et son efficacité.

Le mérite de cette expérience est surtout d’avoir réussi à associer pour la cause de la filière “banane plantain” des experts de la recherche scientifique, des experts de l’ingénierie de formation, des agronomes, des spécialistes en conseils agricoles, des producteurs, des responsables d’organisations professionnelles, des formateurs, des partenaires techniques, institutionnels et financiers…

Les limites de l’expérience, c’est que les problèmes de la filière banane plantain ne se limitent pas seulement au problème de renforcement des capacités des producteurs et productrices. Les autres problèmes qui sont aussi importants comme l’organisation de la filière, l’écosystème de la commercialisation, le financement de la production de contre saison… méritent une attention particulière de d’autres initiatives.

Quels sont les principaux conseils que vous donneriez pour mener une telle démarche ?

Pour réussir une expérience de ce genre, il convient d’avoir un certain nombre de qualités dont les principaux sont :

  • avoir une écoute attentive et une attitude empathique surtout au moment des entretiens ;
  • avoir des connaissances en ingénierie de formation, en agronomie et en sociologie rurale ;
  • être capable d’expliquer le projet de sorte que les producteurs perçoivent leurs intérêt dans la finalité du projet. Cela facilite leur adhésion à l’étude et une franche collaboration ;
  • avoir une ouverture d’esprit et un sens de collaboration avec des experts extérieurs ;
  • éviter les a priori sur les producteurs en termes de savoir, de savoir-faire et de savoir-être.

Et, d’autre part ne pas se laisser bloquer par les théories de l’ingénierie de formation et de l’ingénierie pédagogique, mais plutôt les considérer comme des outils pouvant être adaptés à toutes les situations.

Ressources

Support de présentation, par Mehin SILUE

Support de présentation, séminaire Saly, 2021

Mèhin SILUE

Coordonnateur Adjoint du PNMR (Programme National de Formation aux Métiers Ruraux)
Représentant Côte d’Ivoire Réseau FAR
(225) 07 07 54 19 71
siluenet@yahoo.fr

 

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