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Réseau FAR

06
Fév
2024

[Paroles de formateur] Utiliser les technologies appropriées en agroécologie

En novembre 2023, des formations pratiques en agroécologie à destination des leaders paysans sont menées par l’association internationale Grdr dans le cadre du projet TAPSA. En réponse à la sollicitation des acteurs locaux dans la zone d’intervention Grdr de Bakel au Sénégal, où les températures sont souvent extrêmes, les formateurs se sont inspirés de l’écosystème et des anciennes technologies pour créer un environnement qui baisse naturellement la température : un silo de conservation écologique et durable construit avec de l’argile, qui vient compléter les connaissances de base transférées lors de la formation. Malick Sow, formateur en agroécologie, revient sur ce partage d’expérience technologique.

Dans quel contexte s’est développée la formation ?

Sous la pression du réchauffement climatique, nos systèmes alimentaires vont devoir se transformer, et plus particulièrement le secteur de production maraichère qui est très sensible aux évolutions du climat, obligeant les exploitants et les exploitantes à changer leurs méthodes de production et de conservation, d’autant plus que les légumes sont très périssables.

Plusieurs facteurs influencent la durée de vie des légumes : la température de conservation, leur acidité, la quantité d’eau qu’ils contiennent… Ces derniers affectent la qualité de la récolte avec des pertes post-récolte énormes qui impactent beaucoup sur les moyens de subsistance des exploitations familiales et notamment leur capacité à fournir aux marchés des légumes frais de qualité.

C’est une situation que nous avons l’obligation de prendre en charge à partir de technologie appropriée et adaptée, comme la vulgarisation des silos de conservation de légumes durable et écologique par exemple.

Quels étaient les objectifs de cette formation ?

A l’origine, il s’agissait d’un mandat de formation pour la démultiplication et la diffusion de pratiques agroécologiques, qui a mobilisé 39 leaders paysans venus de 4 organisations de Bakel, avec des thématiques spécifiques en lien avec l’amélioration de la production que nous avait confié l’antenne du Grdr de Bakel.

Elle fait suite à une première mission de prospection de terrain, toujours mandatée par l’antenne régionale du Grdr de Bakel dans le cadre du projet Tapsa, qui avait mis en lumière certains dysfonctionnements et une similitude de mauvaises pratiques qui sont considérées comme menaces potentielles à l’épanouissement des communautés visitées.

Ce programme de formation avait comme objectif de pallier aux contraintes techniques identifiées, dans une démarche d’apprentissage inspirée du concept champ école. Il prend en compte les thématiques préalablement identifiées, qui sont ensuite validées par les leaders paysans et démultipliées dans leur terroir.

Quelles étaient les attentes des leaders paysans ? A quels problèmes étaient-ils confrontés ?

Les leaders paysans formés sont appelés à transmettre leurs connaissances à d’autres membres de leur communauté et ainsi apporter le changement à partir des nouvelles connaissances sensibles à la problématique des changements climatiques.

Une attente forte exprimée par les participants était de maitriser les techniques de conservation des récoltes pour éviter les pertes engendrées par le climat de la zone dont la température peut atteindre 35.5° C.

Vulgarisation d’un silo de conservation de légumes durable et écologique

En réponse à la sollicitation des participants pour l’alternative de conservation de leurs légumes après récolte, nous nous sommes inspirés des anciennes technologies pour créer un environnement qui baisse naturellement la température et qui soit susceptible de ralentir les réactions chimiques des légumes, en allongeant le temps de conservation de ceux-ci à travers la vulgarisation d’un silo de conservation écologique et durable construit avec de l’argile. La technologie offre un processus naturel qui abaisse la température au-dessous de 10 °C (condition favorable de conservation de la plupart des fruits et légumes).

Légende photo : un silo de conservation de légumes que la communauté a testé par la suite avec un stock de piment mis dans le milieu plus de 25 jours, en appréciant la qualité de conservation.

Pouvez-vous revenir sur la formation et sur la démarche ?

Considérant que la formation était destinée à des acteurs qui ont un vécu une expérience et des questionnements dans le domaine, notre approche a privilégié les méthodes actives qui mettent les participants au cœur de leur formation. Cette démarche se caractérise par une alternance entre l’acquisition de connaissances des bonnes pratiques agroécologiques et d’habiletés soutenant la pratique, l’expérimentation et l’évaluation, avec le processus de formation suivant :

  • Explication du formateur
  • Démonstration pratique du formateur
  • Application par les apprenants
  • Évaluation des acquis de compétence des apprenants sur les différents modules transférés.

Module de la gestion de l’eau et de l’espace, une thématique identifiée comme contrainte

Consigne donnée aux producteurs pour aménager une surface de 100m2 de piment (2 expérimentations) :

  • Expérimentation 1 : s’entendre et aménager selon leur façon de faire une surface de 100 m2 de piment (modèle endogène)

  • Expérimentation 2 : nous avons ensuite suggéré à la même équipe un autre exercice, toujours sans modifier les consignes de base, c’est-à-dire un aménagement de 100m2 de piment mais cette fois ci selon les orientations des formateurs.

A la fin des travaux pratiques les leaders paysans sont invités à une plénière pour évaluer le coût bénéfice des deux initiatives en études (pratiques endogènes et nouvelles pratiques introduites durant la formation) pour ainsi évaluer la plus-value.

Il est apparu des conclusions que :

  • pour la première expérimentation, cela inclut des charges énormes de travail et de moyens car il faut submerger totalement le terrain, ce qui représente une quantité énorme d’eau et du temps, et qu’il faut attendre le lendemain pour commencer les opérations. Les producteurs ont également témoigné être obligés de faire davantage des pré-irrigations du milieu pour compenser les pertes et aussi leurs difficultés à quantifier le nombre de plants emblavés et à estimer le rendement prévisionnel du dispositif.
  • pour la deuxième expérience, les producteurs témoignent avoir plus de visibilité sur ce qu’ils font, avec également une charge de travail et d’apport d’eau réduite dû au fait que l’effort est concentré sur le milieu de cultures (les poquets).
    Le dispositif a permis de mettre en évidence que la surface (100m2) permet d’emblaver 200 pieds de piment, grâce au système de biocontrôle et biofertilisants et de créer des conditions favorables qui permettent un seuil de rendement moyen de 1kg de piment /plant soit 200 kg total en moyenne.
    Ce schéma à beaucoup enthousiasmé les producteurs, d’autant qu’ils estiment que le rendement par pied de piment peut largement dépasser l’hypothèse du rendement de 1kg par plant prévu dans ce dispositif.

Quels changements ont pu être observés à la suite de ces formations ?

A partir de la bonne compréhension de la relation sol, plante et eau par les participants, des mesures ont été automatiquement prises au niveau du site d’apprentissage pour mieux optimiser l’eau et l’espace.

Il en est de même pour certaines espèces de plantes que les producteurs peuvent désormais utiliser pour contrôler les insectes nuisibles (basilic, citronnelle…) en substitution des engrais chimiques nuisibles pour l’environnement et la santé (des exercices pratiques de fabrication de biopesticides naturels ont été organisés).

Les bonnes pratiques et innovations comme le zaï, le paillage, les analyses de l’agroécosystème et le silo de conservation de légumes écologique et durable ont été très appréciés par les leaders qui se déclarent prêt à se les approprier.

Il est prévu que ces leaders paysans témoignent de ce partage de technologie sur les pratiques et innovations agroécologiques et qu’ils puissent les partager dans d’autres initiatives de champs écoles paysans avec les membres de leurs organisations de base.

Malick SOW
773141143
agrosolacademy@gmail.com
Page Facebook Agrosol

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