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Réseau FAR

02
Avr
2024

Former à l’agroécologie en mobilisant des savoirs paysans

Promouvoir l’usage de savoirs paysans comme leviers d’une transition agroécologique en s’appuyant sur la formation de formateurs. Tel est l’objectif de cette formation originale adressée à des responsables de coopératives agricoles, conseillers agricoles ou encore paysans relais, qui a été expérimentée en décembre 2023 au Togo dans le cadre du projet de recherche-action FFASE (Formation de Formateurs et Savoirs Endogènes). Cette formation a vocation a se démultiplier : une formation agroécologique similaire sera organisée au Cameroun en 2024.

Un projet qui rassemble chercheurs et acteurs associatifs

Cette action s’inscrit dans le cadre d’un projet de coopération internationale financé par la Région Occitanie et intitulé Formation de Formateurs et Savoirs Endogènes (FFASE). Ce projet rassemble des chercheurs français du Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur l’Economie, les Politiques et les systèmes Sociaux (LEREPS) et d’Afrique de l’Ouest (l’Université d’Abomey Calavi au Bénin, l’Ecole Nationale Supérieure d’Agriculture de Thiès au Sénégal et l’Institut National de Formation Agricole du Togo), mais aussi des acteurs du monde associatif tels qu’Alternatives Agroécologiques et Solidaires (SOL).

En vue d’en étendre la portée et le champ d’application, ce projet s’est récemment traduit par un partenariat avec le Réseau FAR. Ce partenariat devrait se concrétiser par l’organisation au mois de décembre 2024 d’une formation agroécologique au Cameroun en collaboration avec l’association Chaine de Solidarité et d’Appui aux Actions de Développement Durable (CHASAADD). En vue de préparer au mieux cette échéance, Alain-Claude Koudaf, membre de cette association a participé à une formation expérimentale analogue mise en place à Kpalimé au Togo du 12 au 16 décembre 2023.

Cette formation en agroécologie a été riche d’enseignements. J’ai vraiment apprécié le fait que le groupe d’apprenants soit composé de personnes aux profils variés. La mixité hommes-femmes m’a semble-t-il également été un facteur essentiel d’émulation au sein du groupe. Ce groupe m’a accueilli sans réserve et m’a d’emblée inclus dans les activités mises en place. Fort des acquis de cette expérience, je compte reproduire une action de formation du même type au sein du CHASSAADD. Alain-Claude Koudaf

Un modèle de formation original

Le modèle de formation expérimenté au Togo s’est adressé à des responsables de coopératives agricoles, des conseillers agricoles ou encore des paysans relais. D’une durée de 4 jours, la formation a été mise en place dans une perspective de diffusion élargie de pratiques agroécologiques à l’échelle du territoire de Kpalimé. Elle a été animée par un binôme composé d’un formateur et d’un « professionnel » détenteur de savoirs paysans et a privilégié une approche issue de la Didactique Professionnelle (Pastré, 2011)[1] basée sur « l’apprentissage par le faire ». A travers celui-ci, il s’est agi (i) de mettre au jour les savoirs tacites des paysans pour expliciter le « savoir caché dans l’agir professionnel » (Schön, 1996)[2], (ii) d’en accompagner la maîtrise par les apprenants, et in fine (iii) de favoriser sa transposition à des situations parentes.

Deux savoirs paysans au centre des apprentissages

Deux savoirs paysans ont été placés au cœur des apprentissages : la technique du compostage amélioré à base de mycotri[3] et celle relative à la réalisation d’un biofertilisant liquide.

  • S’agissant du premier savoir, l’objectif était de permettre aux apprenants de maîtriser l’ensemble des opérations relatives à la fabrication d’un compost riche en humus et en éléments nutritifs à partir de la décomposition de matières organiques d’origine végétale et/ou animale sous l’action des micro-organismes.

Le groupe d’apprenants célébrant la réalisation finale d’un compost amélioré. / Droits photos : projet FFASE

 

  • Concernant le deuxième savoir, l’intention était de transmettre aux apprenants la démarche d’élaboration d’un biofertilisant liquide composé de fumier et de restes végétaux et de leur apprendre à se servir de ce biofertilisant sous forme d’engrais liquide et/ou comme un produit de traitement selon les matériaux qui le composent.

Le biofertilisant en cours de préparation / Droits photos : projet FFASE

 

Processus d’apprentissage

Pour chacun des deux savoirs, trois moments ont jalonné le processus d’apprentissage :

  • D’abord, les apprenants ont été placés dans une posture observante : le professionnel a mobilisé in situ un savoir-faire paysan pour résoudre une situation-problème particulière et significative (contextualisation) ;
  • Puis, les apprenants ont été chargés de mettre en œuvre en petits groupes le même savoir-faire sous l’observation du professionnel et du formateur (application ou pragmatisation du savoir paysan) ;
  • Enfin, un temps d’explicitation ou d’institutionnalisation a été organisé en vue d’une décontextualisation et recontextualisation de ce savoir-faire à d’autres situations professionnelles analogues.

 

Des résultats très encourageants

Aux dires des participants, la formation a été un réel succès. Les participants ont particulièrement apprécié la nature très pratique de la formation. Leur implication active dans les différentes étapes du processus d’apprentissage a été considérée comme un facteur très important pour faciliter l’appropriation des savoirs transmis et les préparer ainsi à mieux diffuser à leur tour ces savoirs à d’autres acteurs du territoire.

Le succès de la formation tient largement à la qualité de l’accompagnement mis en place. Les professionnels avaient une parfaite maîtrise des savoirs paysans à transmettre. Pour leur part, les encadrants pédagogiques ont assuré un rôle essentiel pour articuler harmonieusement les différents moments de la formation et modérer les échanges entre les participants.

Une démultiplication de la formation

Une formation du même type sera organisée au Cameroun au sein de l’association CHASAADD en décembre prochain. Les apprentissages seront conçus autour des thèmes des bonnes pratiques d’élevage et de l’agriculture biologique. Deux types de savoirs paysans seront plus précisément examinés et mis en œuvre :

  • Le traitement prophylactique et curatif des poulets villageois via la fabrication et utilisation d’un antibiotique à large spectre biologique.
  • La fabrication et l’utilisation des bio fertilisants : compost amélioré, fertilisants foliaires et pestifuges biologiques.

Jean-Pierre DEL CORSO
Professeur de sciences économiques ENSFEA/LEREPS
jean-pierre.del-corso@ensfea.fr

Guillaume GILLET
Ingénieur d’Etudes ENSFEA/LEREPS
guillaume.gillet@ensfea.fr

Alain-Claude KOUDAF
Formateur CHASAADD
koudafalain651@gmail.com

[1]
Pastré P. (2011). La didactique professionnelle. Approche Anthropologique du développement chez les adultes. PUF.

[2]
Schön D. A. (1996). A la recherche d’une nouvelle épistémologie de la pratique et de ce qu’elle implique pour les adultes. In J.-M. Barbier (éd.), Savoirs théoriques et savoirs d’action, Paris : Presses universitaires de France, p. 201‑222.

[3]
Il s’agit d’une poudre de champignon qui favorise la décomposition rapide des débris de végétaux et d’animaux afin d’avoir un compost mûr dans un délai plus court.

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