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Réseau FAR

05
Oct
2021

[Paroles d’expert] Un diagnostic pour rénover le dispositif FAR au Nigeria

Emmanuel Aseh Vitung est l’un des trois experts sélectionné par le Réseau FAR pour réaliser une étude de préfaisabilité de la rénovation du dispositif de formation agricole et rurale dans 6 états au Nigeria. Cette mission a été réalisée de mars à avril 2021 à la demande du gouvernement nigérian et de l’AFD. Il revient pour nous sur les points-clés de cette étude de préfaisabilité et nous livre un aperçu de la FAR au Nigeria, avec des enjeux majeurs à relever en termes de refonte des cursus et curricula, d’amélioration des infrastructures et de digitalisation.
Emmanuel Aseh Vitung
Ingénieur agronome

Ingénieur agronome et titulaire d’un DESS en Industrie des Semences, d’un Master en protection des végétaux et d’un Master of Business Administration (MBA), Emmanuel Aseh Vitung est responsable de l’accompagnement à l’insertion des jeunes formés dans le cadre du Programme d’Appui à la Rénovation et au Développement de la Formation Professionnelle dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et des pêches (AFOP) au Cameroun. De 2008 à 2013 il a assuré la coordination des activités du programme AFOP dans la zone des hauts plateaux (régions du Nord-ouest et Ouest) du pays. Emmanuel a 15 ans d’expériences professionnelle dans l’animation de la formation et de l’insertion des jeunes en agriculture, élevage et pêche au Cameroun.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant cette mission ?

J’ai été particulièrement marqué par l’inadéquation significative entre la formation agricole et rurale et les besoins du marché de travail et du secteur privé au Nigeria, contrairement aux avancés dans la formation agricole universitaire dans ce pays. Ceci est généralement le produit d’une part de la dépendance quasi-totale depuis les années 70 sur le secteur pétrolier au détriment du développement du secteur agricole, et d’autre part, d’une formation très théorique qui ne concourt souvent pas au développement des compétences dont ont besoin les jeunes formés, pour une insertion socioprofessionnelle, ou une transition harmonieuse vers le monde du travail.

Constitué de 36 états fédérés, le Nigeria compte à ce jour 33 collèges d’agriculture dont 14 sous tutelle des états créateurs desdites structures de formation et 19 collèges fédéraux portés par le gouvernement fédéral et implantés dans certains états choisis par le niveau central. Ces collèges sont chargés de la formation initiale des jeunes et la formation continue des agents de la fonction publique au niveau intermédiaire ainsi que celle des producteurs en activité. Par ailleurs, certains états ont mis en place des centres de formation aux métiers agricoles au niveau de base. Malheureusement ces structures ont été progressivement abandonnées au profit des formations niveaux intermédiaires et universitaires. Toutefois, depuis 2015 on constate une volonté grandissante d’une transition d’un dispositif d’enseignement technique agricole (peu professionnalisant) à un dispositif qui offre aux bénéficiaires une formation agricole et rurale qui améliore leur employabilité et leur installation socioprofessionnelle dans le secteur agricole.

Qu’avez-vous appris sur la FAR au Nigeria ?

La formation agricole et rurale au Nigeria a longtemps été très académique à l’image de l’enseignement universitaire très prisés par le public en général et les jeunes en particulier. Les métiers agricoles sont perçus comme réservés à ceux qui ont échoué dans la vie et qui n’ont pas la capacité intellectuelle leur permettant de s’offrir une formation prestigieuse dans des domaines comme la médecine, le droit, l’ingénierie, l’enseignement, la gestion, etc. pour pouvoir accéder aux emplois dans la fonction publique. Les dirigeants des Collèges d’Agriculture s’efforcent d’étendre les offres de formation aux domaines qui ne sont pas directement liés à l’agriculture, afin d’améliorer leurs chances d’accéder aux financements. De ce fait, ils tendent à orienter les enseignements vers l’approche universitaire, souvent ancrés dans des curricula non adaptés et généralement très théorique et peu pratique. Très peu de diplômés même de ces collèges, réussissent à trouver un emploi ou à s’insérer dans le marché du travail. La formation des jeunes exploitants à la base qui a démarré dans les années 70 a été progressivement abandonnée au profit de l’enseignement intermédiaire (dans les collèges) et universitaire.

Le dispositif de la FAR est actuellement fragile à la base et assez faible au niveau intermédiaire, mais, le gouvernement fédéral et les gouverneurs de certains états prennent progressivement conscience de la situation et mettent en œuvre des actions pour l’améliorer. Les jeunes développent graduellement une perception assez positive des métiers agricoles surtout ceux liés à l’agri business. Une rénovation de la FAR, pourra complètement renverser les tendances du développement agricole, et faire de l’agriculture un pilier important de l’économie nigérian.

Selon vous, quels sont les principaux enjeux et défis de la FAR au Nigeria ?

Les principaux enjeux de la FAR au Nigeria se situent à quatre niveaux. Dans un premier temps, il est absolument nécessaire de procéder à la refonte des cursus et curricula de formation toute en rénovant les approches d’ingénierie pédagogique afin d’améliorer l’employabilité des formés et d’assurer une meilleure adéquation : formation – emploi. Ceci est un défi énorme compte tenu de la perception générale des métiers agricoles comme étant peu valorisants. Les curricula doivent par ailleurs intégrer les enjeux du changement climatique, et les mesures d’atténuation et d’adaptation auxdits changements. Le second enjeu est celui de l’amélioration des infrastructures, des matériels et équipements didactiques qui assurent un milieu propice de travail et d’apprentissage, permettant non seulement la professionnalisation de la formation mais aussi la transition harmonieuse des formés ver le travail. Le troisième niveau est celui de la digitalisation de la FAR pour donner au dispositif rénové, la capacité d’assurer la massification des bénéficiaires. Pour ce faire, il sera question non seulement d’assurer l’acquisition des équipements nécessaires et adéquats, mais aussi de porter en capacité les formateurs qui pour le moment n’ont pas les compétences nécessaires pour opérer cette transition technologique.

Quelles sont les conclusions de l’étude que vous avez menée ?

L’étude a débouché sur la proposition de la structure d’un projet susceptible de contribuer à la rénovation de la FAR dans 3 états au Nigeria. La structure du projet sera évaluée et enrichie lors de l’étude de faisabilité. Elle pourra être revue au regard des nouvelles informations qui seront mises en évidence par cette étude. On espère que les résultats du projet seront assez probants pour convaincre et motiver les autres états à mettre en place leurs propres projets de rénovation de la FAR dans leurs états respectifs. Ainsi, avec l’appui du gouvernement fédéral, la FAR pourra être rénovée dans tous l’étendue du territoire nigérian.

Note de synthèse (français) / Étude de préfaisabilité de la rénovation de la Formation Agricole et Rurale dans 6 états présélectionnés au Nigeria

Cette note de synthèse, en français, récapitule les principales informations et éléments de diagnostic sur le dispositif de formation agricole et rurale au Nigeria.
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Final report (english) / Pre-feasibility study for enhancing agricultural and rural training in 6 pilot states in Nigeria

The prefeasibility study for the development of agricultural and rural training in Nigeria carried out during the second quarter of 2021, comes after the opportunity’s study done by Réseau FAR in 2020. It aligns with an appraisal process which would have to enable the Nigerian authorities to prepare a request to source for funding from the French Development Agency (AFD). Final report.
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