Paraprofessionnels vétérinaires en Afrique de l’Ouest : retours sur l’atelier d’échanges de pratiques du projet P3V
Du 16 au 20 juin dernier s’est tenu un atelier d’échanges de pratiques entre établissements de formation partenaires du projet P3V (Sénégal, Togo, Bénin) à Saly, Sénégal. Point d’étape crucial dans les activités du projet qui arrive bientôt à son terme (fin décembre 2025), ce rendez-vous a notamment permis d’aborder les évolutions des curricula dans les établissements, les résultats des études sur l’insertion professionnelle des paraprofessionnels vétérinaires (PPV) et la certification qualité. Le Réseau FAR a participé à cette rencontre afin de suivre les avancées de l’activité qu’il coordonne dans le cadre du projet P3V, en collaboration avec l’équipe projet et l’EISMV, portant sur le renforcement des capacités en ingénierie pédagogique. Par ailleurs, le Bénin a rejoint le projet en 2024, à travers l’implication du Lycée Agricole Médji de Sekou (LAMS) et de l’École Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC).
Quels besoins identifiés à l’origine de cette activité ?
Les deux rapports d’identification des offres et besoins de formation au Sénégal et au Togo dans le domaine paraprofessionnel vétérinaire ont noté des insuffisances de compétences des formateurs, dans les domaines de l’ingénierie pédagogique et de formation. Cet aspect a été souligné dans les points suivants :
- Faiblesse de la formation pratique dans les établissements ;
- Curricula souvent inadaptés aux profils ;
- Absence de l’approche par compétences ;
- Absence de formation des formateurs dans les établissements ;
- Insuffisance numérique du personnel enseignant ;
- Faible maîtrise des outils de communication ;
- Contenus de la formation trop chargés dans les établissements de formation ;
- Faible implication des vétérinaires dans la formation dans certains établissements ;
- Faible adaptation de certains eneignements (physiologie, biochimie, microbiologie) au domaine vétérinaire.
Plusieurs activités du projet P3V concourent à réduire les écarts de compétences observés, notamment la rénovation des curricula et la formation aux pratiques de cliniques vétérinaires. Cependant, cette analyse amène également à l’identification de propositions d’appui aux équipes pédagogiques, dans le cadre des formations initiales développées par les établissements partenaires, sur trois volets :
- Ingénierie pédagogique / Pratique : comment mieux inclure les aspects pratiques dans les formations, comment mieux animer les formations, comment produire des ressources pédagogiques adaptées à la théorie et à la pratique ;
- Ingénierie pédagogique / Numérique : comment mieux intégrer les outils numériques dans les formations PPV, comment maitriser ces outils, comment produire les supports numériques adéquats ;
- Ingénierie pédagogique et de formation / Projet professionnel : comment mieux inclure le projet professionnel dans les enseignements dispensés, comment mieux valoriser les périodes de stage, comment mieux inclure les professionnels dans les cursus, comment mieux intégrer l’approche par compétences dans les formations.*
Quels enjeux abordés en matière d’ingénierie pédagogique ?
L’objectif global de l’activité est de soutenir les établissements partenaires du projet P3V qui le souhaitent (le CNFTEIA et l’USSEIN au Sénégal, l’ISMA et l’INFA au Togo) à améliorer la conduite des activités de formation initiale dans les domaines de la santé et des productions animales à travers un renforcement de capacités en ingénierie pédagogique sur les trois volets mentionnés plus haut. Cette activité s’est déroulé en trois phases dont une phase de diagnostic, une phase d’intervention et une phase de suivi.
L’atelier d’échanges de pratiques a été une des modalités de la phase de suivi et a permis de revenir sur un certain nombre d’éléments essentiels de l’activité :
- L’alignement pédagogique et la scénarisation des séquences d’apprentissage ;
- Les objectifs d’apprentissage basés sur l’approche par compétence ;
- Des techniques d’animation et outils numériques à mobiliser.
L’atelier a également été l’occasion de présenter les outils de renforcement de capacités en ingénierie de formation du Réseau FAR à différents niveaux : le master MIFAR, la banque de ressources, les productions de connaissances FAR Thema, les outils de communication, etc. Un temps a également été dédié à partager des outils d’animation basés ou non sur le numérique afin d’enrichir les séquences d’apprentissage des formatrices et formateurs. Voici une petite compilation de ces outils.
Quelles leçons tirer de cette expérience ?
Au-delà des connaissances, les manières d’enseigner contribuent fortement à l’acquisition ou non des compétences notamment techniques et professionnelles. Il existe souvent un décalage dans les manières d’enseigner et les besoins de formation dans la finalité de former à des métiers.
Au-delà de la distinction pratique/technique, les formateurs et enseignants ont une panoplie d’outils à disposition pour s’assurer de l’atteinte des objectifs d’apprentissage de leurs apprenants. Souvent, l’appui à l’ingénierie de formation se limite à définir les objectifs de formation et à rénover les curricula dans une approche souvent très méthodologique et parfois dogmatique. En se basant sur l’approche par compétence et le principe d’alignement pédagogique, il est crucial de combiner les postures et les outils afin de mettre l’apprenant dans les meilleures conditions d’acquisition de son savoir et de ses compétences.
In fine, réfléchir à identifier quelle technique d’animation pédagogique utiliser pour quel objectif d’apprentissage n’est pas aisé et demande du temps et des ressources, c’est pourquoi le Réseau FAR poursuit ses appuis en la matière à travers des ateliers de renforcement spécifiques à destination des formateurs de son réseau. @suivre…
Marie Balse
Chargée de mission Ingénierie de formation au Réseau FAR
marie.balse@reseau-far.com